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.On a déjà le coup des coiffures avant-gardistes…Moi.– Tu m'étonnes.Clotilde.– … Pour la musique, on peut chanter…Basil (dans son coin).– Non merci, pitié.Clotilde.– … Et on a déjà passé la nuit tous ensemble.Jerry.– Donc en fait, c'est un truc que font les filles entre elles ?Clotilde.– Oui, mais…Jerry (soulagé).– Ah ! Trop dommage, je ne peux pas jouer avec vous : j'ai un pénis.Clotilde.– Oui, mais…Jerry.– Quand bien même je le planquerais entre mes cuisses, il reste un autre organe qui me disqualifie d'office : j'ai aussi un cerveau.Vraiment, je regrette du fond du cœur, mais ça sera sans moi.15 h 40Ma blonde amie s'approche de lui à quatre pattes, et le fixe droit dans les yeux, d'un air qui ne souffre pas de réplique.Clotilde.– Action ou vérité ?Sa voix est très proche du ton autoritaire qu'utilise la mère de Jerry, mais elle ne l'a pas fait exprès.Jerry.– Pardon ? Je viens de te dire que…Clotilde.– Attention, si tu refuses de répondre, tu as un gage.Jerry.– Ah.C'est une soirée pyjama obligatoire ? Genre comme au bagne, on m'impose la tunique rayée d'office ?Moi (répondant à sa place).– Il choisit vérité.Coincé avec nous sans possibilité de fuir, il finit par capituler.Jerry.– Misère…Clotilde tape dans ses mains de contentement, attrape une de ses boucles emmêlées, la tortille en réfléchissant, lâche sa nouvelle dreadlock et dit :– OK.Aaaalors… Quelle est la pire chose qu'on t'ait dite à propos de ton physique ?– Et sinon, à quel moment c'est supposé être drôle ?– Ça l'est pour nous.Réponds, homme à lunettes.Jerry se gratte le menton, sur lequel une légère ombre blonde de deux jours commence à apparaître.– Si j'ai bien compris le principe qui prévaut dans votre jeu de femelles souffreteuses en manque de glucose, c'est que si je réponds à votre question pourrie, j'ai le droit de vous en poser une après ?– Exactement, dit Clotilde.– À chacune ?Je réponds en regardant ma copine, qui acquiesce de bonne humeur.– Eh bien… oui.– Ça me va, opine-t-il en échangeant un drôle de regard avec Basil, adossé à l'autre bout de l'abri en pierre.Donc la pire chose que l'on m'ait dite à propos de mon physique c'est : « Tu as l'air de Rocky Balboa, qui aurait juste l'œil au-dessus de son coquard.»– C'est tout ? je demande.– C'est déjà beaucoup, me répond-il avec un large sourire ironique.Donc, maintenant : à moi.Il se frotte les mains de satisfaction perfide, en émettant un petit rire genre « huhuhuuu… ! », qui se veut machiavélique, mais qui ressemble en réalité aux gloussements d'un évadé de La Cage aux folles.– Alors on commence : Anouchka, action ou vérité ?Pas si vite.Je connais mon cousin, je sais qu'il n'hésitera pas une seconde à me demander de faire un truc ignoble si je choisis « action », genre m'ordonner d'aller déterrer un ver de terre pour m'en flageller la paupière, faire la chandelle allongée sur un tapis de boue, ou l'embrasser sur la joue (là où il y a du pus).– Véritééééé !Son sourire s'élargit.C'est étonnant.– J'aime ton courage.Bien, alors, Anouchka, ma question, celle à laquelle tu dois répondre en disant la stricte vérité, est : es-tu attirée sexuellement par Basil ?Réjoui, il croise ses mains derrière son crâne et s'adosse contre le mur de pierre, ses deux nez (le violet et le rose) pointés vers moi, attendant ma réponse.Oh l'ordure.Je tire sur mon oreille, signe évident de gêne (normalement je tire sur mes cheveux, mais leurs bouts sont si haut qu'ils me sont actuellement difficiles d'accès), sous les regards scrutateurs de Clotilde et de Basil, qui s'est approché discrètement et a cessé de se gratter (signe que sa curiosité le démange davantage que son éruption).Moi (outrée).– Mais enfin… non, certainement pas ! T'es malade, ou quoi ? Je suis folle amoureuse d'Aaron, mon mari je te le rappelle, sale morpion.Jerry (secouant l'index).– Tut-tut, ne laisse pas ton inconscient s'exprimer par cette image indigne de la femme fidèle que tu prétends être.J'ai bien remarqué les petits regards que tu lui lançais ce matin…Alors là, je suis partagée entre l'envie de le baffer pour qu'il taise ses inepties, et l'envie de le baffer juste pour le plaisir.Je crois que je vais le baffer pour les deux raisons, ça fera d'une claque deux coups.Moi (sidérée).– Pardon ? Quels regards ? Je bigle tellement que je pourrais aller taper la discut avec un arbre en croyant que c'est toi.Note que ce serait peut-être la seule fois où nous aurions une conversation intéressante.Jerry.– Tu digresses.Moi.– Car tu m'agresses.Jerry.– Tu progresses…Moi.– Et tu stress ?Jerry.– Je suis en liesse !Moi.– Face de fesse.Clotilde s'interpose :– Stoop, c'est bon, arrêtez vos gentillesses, on laisse tomber, vous avez gagné, ce jeu est nul.De toute façon, il n'y a plus d'éclairs, je crois qu'on va pouvoir y aller.15 h 51Effectivement, l'orage a cessé.Mais Jerry n'a pas dit son dernier mot.Tel le génie dont on aurait frotté la lampe pour rigoler, il refuse de retourner dans sa cafetière tant que l'on n'aura pas honoré notre promesse d'une seconde réponse.Alors, tranquillement, il s'approche de Clotilde, la surmonte de ses six centimètres de différence, et lui demande :– Action ou vérité ?Je chuchote à l'oreille de ma copine :– Prends action, qu'on se débarrasse.Il va te demander de faire un tour sur toi-même à cloche-pied, il va faire « honk honk honk » avec son gros rire d'orang-outang, et on pourra partir.Mais Clotilde se sent trop faible pour faire un tour sur elle-même à cloche-pied.Alors elle choisit « vérité ».Elle n'aurait pas dû, et elle va immédiatement comprendre à quel point.Jerry (qui réajuste ses lunettes pour mieux profiter du spectacle).– Clotilde, je me demandais, tu as quel âge, en réalité ?Ses yeux étonnés clignent plusieurs fois, très vite, et je m'approche d'elle pour ne pas qu'elle nous fasse un malaise [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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