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.Si les gens de bon sens s’enfuient, ils laisseront la place libre aux extrémistes.— Qu’en pense ton mari ?— En militaire, il obéit aux ordres.— Il a ses idées.— Bien qu’il soit profondément croyant, il considère le fanatisme comme le plus redoutable des périls.— Ses collègues en sont-ils convaincus ?— Une partie de l’armée est gangrenée, une autre trop sûre de sa force ; le cataclysme iranien ne leur a pas servi de leçon.— Pourquoi est-il absent ?— Trois jours d’inspection dans une caserne pour tenter d’identifier les éléments douteux ; il couche là-bas, épluche les dossiers, dirige les interrogatoires des soldats suspectés d’intégrisme.C’est la troisième fois, cette année, qu’on lui confie ce genre de mission.Il s’en tire plutôt bien ; les autorités lui accordent leur confiance et parlent de promotion.Et si… S’il acceptait de t’aider ? Sa position devrait lui permettre d’obtenir des informations sérieuses sur les véritables assassins d’Hélène.— N’est-ce pas beaucoup lui demander ?— Peut-être pas ; tout dépend du service qui traite le dossier.S’il n’existe aucun moyen d’y accéder, il te le dira.— Je n’accepterai pas de lui faire courir un risque.— Il est la prudence incarnée.Elle se leva, déterminée.— Tu sauras la vérité, Mark ; le meurtre d’Hélène ne restera pas impuni.Cette nuit, tu dors ici ; prends la chambre de ma fille.Demain matin, je t’emmène à la caserne.15Mona conduisait sa BMW comme une Cairote expérimentée, autrement dit sans céder le moindre pouce de terrain à autrui.L’intimidation permanente, doublée d’un klaxon puissant, était le seul moyen de progresser dans une circulation démentielle.À sept heures trente, il fallait déjà lutter pour se frayer un chemin entre les bus bondés, les taxis, les camions en surcharge et les voitures particulières dont la plupart manquaient de freins.La jeune femme, maquillée avec discrétion et vêtue d’un élégant tailleur rose pâle, n’avait pas réussi à dormir, obsédée par le désir de venir en aide à Mark ; elle ressentait la mort horrible d’Hélène comme une blessure et une injustice qu’elle devait contribuer à réparer.Alors qu’elle s’engageait dans le quartier d’Imbaba, afin d’éviter une rue bouchée à la suite d’un accident mêlant un bus, deux voitures et une dizaine de piétons, Mark ne dissimula plus son cauchemar.— Et si la mort d’Hélène était liée à ma lutte contre le barrage ?— Quelle étrange idée !— Depuis quelque temps, on m’adresse des menaces voilées.Le superviseur de la haute digue et le substitut d’Assouan m’ont fait comprendre, avec les nuances d’usage, que je commençais à irriter certaines autorités.— Au point de tendre une embuscade à un car de touristes et de massacrer une vingtaine de personnes ?— Tu as raison, Mona ; mon hypothèse est absurde.— Les islamistes ont voulu démontrer leur puissance ; Hélène a eu la malchance de se trouver sur leur chemin.— Je n’accepte pas cette fatalité.— Moi non plus.La BMW dépassa une mosquée blanche, surnommée Kit-Kat par certains Cairotes irrévérencieux, qui lui attribuaient ainsi le nom d’une boîte de nuit disparue.Du quartier peuplé de night-clubs qu’aimait tant le roi Farouk, ne subsistaient que de rares maisons décentes qui, malgré leur décrépitude, rappelaient l’existence d’un passé plus riant.Accablé par la surpopulation et la misère, le plus souvent privé d’eau et d’électricité, le quartier d’Imbaba était devenu un haut lieu du fondamentalisme musulman où la police effectuait des opérations coups de poing afin d’arrêter quelques leaders enfiévrés, vite remplacés par d’autres plus véhéments.Mais comment contrôler un enchevêtrement de ruelles malodorantes où s’amoncelaient les ordures ? Imbaba pourrissait sur pied, sans autre avenir que l’augmentation du nombre de paysans déracinés venus s’entasser dans des réduits sordides.Les mosquées avaient remplacé les boîtes de nuit, les prédicateurs promettaient aux déshérités que l’application de la loi coranique leur permettrait d’obtenir des logements salubres et de bons salaires.En attendant, ils rackettaient les commerçants chrétiens contraints, pour survivre, de verser une bonne partie de leur recette aux fidèles d’Allah.Mona se faufilait avec habileté entre des ânes tirant des carrioles, des chiens errants en quête de nourriture et des gamins d’une saleté repoussante jouant dans ces immondices ; elle passa devant une église copte qui, sur son portail, affichait une image de la Vierge.Mark se sentait oppressé ; désœuvrés, des chômeurs assis aux terrasses des cafés observaient la puissante voiture d’un œil torve.Leur agressivité était perceptible.Mona n’avait-elle pas eu tort de traverser Imbaba pour gagner du temps ? Mark connaissait sa conviction : aucun endroit du Caire ne devait devenir zone interdite, sous peine d’admettre la victoire des intégristes.Sereine, la jeune femme continuait à s’escrimer au volant.À une centaine de mètres, la sortie du labyrinthe qu’elle avait parcouru en un temps record.Mark se détendit et ferma les yeux.Lui non plus n’avait pas dormi ; le visage d’Hélène lui interdisait le repos, comme si la vengeance seule pouvait mettre fin à ses tourments.Un coup de frein brutal le projeta en avant ; sans la ceinture de sécurité, son front aurait percuté le pare-brise [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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.Si les gens de bon sens s’enfuient, ils laisseront la place libre aux extrémistes.— Qu’en pense ton mari ?— En militaire, il obéit aux ordres.— Il a ses idées.— Bien qu’il soit profondément croyant, il considère le fanatisme comme le plus redoutable des périls.— Ses collègues en sont-ils convaincus ?— Une partie de l’armée est gangrenée, une autre trop sûre de sa force ; le cataclysme iranien ne leur a pas servi de leçon.— Pourquoi est-il absent ?— Trois jours d’inspection dans une caserne pour tenter d’identifier les éléments douteux ; il couche là-bas, épluche les dossiers, dirige les interrogatoires des soldats suspectés d’intégrisme.C’est la troisième fois, cette année, qu’on lui confie ce genre de mission.Il s’en tire plutôt bien ; les autorités lui accordent leur confiance et parlent de promotion.Et si… S’il acceptait de t’aider ? Sa position devrait lui permettre d’obtenir des informations sérieuses sur les véritables assassins d’Hélène.— N’est-ce pas beaucoup lui demander ?— Peut-être pas ; tout dépend du service qui traite le dossier.S’il n’existe aucun moyen d’y accéder, il te le dira.— Je n’accepterai pas de lui faire courir un risque.— Il est la prudence incarnée.Elle se leva, déterminée.— Tu sauras la vérité, Mark ; le meurtre d’Hélène ne restera pas impuni.Cette nuit, tu dors ici ; prends la chambre de ma fille.Demain matin, je t’emmène à la caserne.15Mona conduisait sa BMW comme une Cairote expérimentée, autrement dit sans céder le moindre pouce de terrain à autrui.L’intimidation permanente, doublée d’un klaxon puissant, était le seul moyen de progresser dans une circulation démentielle.À sept heures trente, il fallait déjà lutter pour se frayer un chemin entre les bus bondés, les taxis, les camions en surcharge et les voitures particulières dont la plupart manquaient de freins.La jeune femme, maquillée avec discrétion et vêtue d’un élégant tailleur rose pâle, n’avait pas réussi à dormir, obsédée par le désir de venir en aide à Mark ; elle ressentait la mort horrible d’Hélène comme une blessure et une injustice qu’elle devait contribuer à réparer.Alors qu’elle s’engageait dans le quartier d’Imbaba, afin d’éviter une rue bouchée à la suite d’un accident mêlant un bus, deux voitures et une dizaine de piétons, Mark ne dissimula plus son cauchemar.— Et si la mort d’Hélène était liée à ma lutte contre le barrage ?— Quelle étrange idée !— Depuis quelque temps, on m’adresse des menaces voilées.Le superviseur de la haute digue et le substitut d’Assouan m’ont fait comprendre, avec les nuances d’usage, que je commençais à irriter certaines autorités.— Au point de tendre une embuscade à un car de touristes et de massacrer une vingtaine de personnes ?— Tu as raison, Mona ; mon hypothèse est absurde.— Les islamistes ont voulu démontrer leur puissance ; Hélène a eu la malchance de se trouver sur leur chemin.— Je n’accepte pas cette fatalité.— Moi non plus.La BMW dépassa une mosquée blanche, surnommée Kit-Kat par certains Cairotes irrévérencieux, qui lui attribuaient ainsi le nom d’une boîte de nuit disparue.Du quartier peuplé de night-clubs qu’aimait tant le roi Farouk, ne subsistaient que de rares maisons décentes qui, malgré leur décrépitude, rappelaient l’existence d’un passé plus riant.Accablé par la surpopulation et la misère, le plus souvent privé d’eau et d’électricité, le quartier d’Imbaba était devenu un haut lieu du fondamentalisme musulman où la police effectuait des opérations coups de poing afin d’arrêter quelques leaders enfiévrés, vite remplacés par d’autres plus véhéments.Mais comment contrôler un enchevêtrement de ruelles malodorantes où s’amoncelaient les ordures ? Imbaba pourrissait sur pied, sans autre avenir que l’augmentation du nombre de paysans déracinés venus s’entasser dans des réduits sordides.Les mosquées avaient remplacé les boîtes de nuit, les prédicateurs promettaient aux déshérités que l’application de la loi coranique leur permettrait d’obtenir des logements salubres et de bons salaires.En attendant, ils rackettaient les commerçants chrétiens contraints, pour survivre, de verser une bonne partie de leur recette aux fidèles d’Allah.Mona se faufilait avec habileté entre des ânes tirant des carrioles, des chiens errants en quête de nourriture et des gamins d’une saleté repoussante jouant dans ces immondices ; elle passa devant une église copte qui, sur son portail, affichait une image de la Vierge.Mark se sentait oppressé ; désœuvrés, des chômeurs assis aux terrasses des cafés observaient la puissante voiture d’un œil torve.Leur agressivité était perceptible.Mona n’avait-elle pas eu tort de traverser Imbaba pour gagner du temps ? Mark connaissait sa conviction : aucun endroit du Caire ne devait devenir zone interdite, sous peine d’admettre la victoire des intégristes.Sereine, la jeune femme continuait à s’escrimer au volant.À une centaine de mètres, la sortie du labyrinthe qu’elle avait parcouru en un temps record.Mark se détendit et ferma les yeux.Lui non plus n’avait pas dormi ; le visage d’Hélène lui interdisait le repos, comme si la vengeance seule pouvait mettre fin à ses tourments.Un coup de frein brutal le projeta en avant ; sans la ceinture de sécurité, son front aurait percuté le pare-brise [ Pobierz całość w formacie PDF ]