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.Ses sourices mâles n’ont pas résisté longtemps.De toute façon, c’est plus facile pour les mâles d’arrêter.À quoi crois-tu que servent les règles du Service pour eux, la nourriture, le régime de vie ? Elles ne sont pas là pour le seul plaisir de les brimer, après tout.Leur système est plus facilement fragile que le nôtre.Après la quatrième ou la cinquième éjaculation, il n’y a plus grand-chose.» Elle se mit à rire de nouveau, et il y avait une tonalité un peu déplaisante dans son rire.« C’est aussi un moyen pour les Mères d’empêcher la conception, n’est-ce pas ? »Elle vit l’expression du visage de Lisbeï, s’adoucit brusquement : « Mais comment le saurais-tu, c’est vrai », murmura-t-elle.Elle s’étira en faisant craquer ses articulations.« En tout cas, Toller s’est arrangé de cette façon pour être déclaré Bleu.Ce qui est étonnant, c’est qu’il n’y en ait pas davantage qui le fassent.Il faut croire qu’ils ont le sens du devoir, eux aussi.D’un autre côté, on ne sait pas combien le font, non plus.— Mais… s’il était encore… fertile alors qu’il avait été déclaré Bleu… »Guiséia se méprit sur la stupeur alarmée de Lisbeï : « Il s’est abstenu », dit-elle, d’une voix un peu dure, un peu triste.Avec toi aussi ? Cette pensée passa comme l’éclair dans l’esprit de Lisbeï, en même temps que des dizaines d’autres – la voix de Toller, à la résidence de Sygne de Wardenberg, quand il lui avait dit : « Je ne Danse plus ».Ce qu’il avait pu sous-entendre quand il avait dit : « J’ai de très bonnes relations avec la Mère de Wardenberg.» Mais surtout, elle pensait à la nuit de la Célébration.Elle se rendit compte que Guiséia l’observait avec perplexité, avait dû percevoir son malaise, son soudain effroi puis son soulagement quand elle avait pensé : Eh bien, heureusement que je suis vraiment une Bleue, moi !Mais surtout, Lisbeï comprit que Toller n’avait pas parlé à Guiséia de ce qui s’était passé entre elle et lui cette nuit de la Célébration, sept années plus tôt.* * *Le lendemain matin, en arrivant au sommet de la Tour Fondue pour y faire ses exercices matinaux, Lisbeï y trouva Toller qui l’attendait dans le roucoulement obsédant des pidges.Du moins devait-il l’attendre : quand elle s’accouda près de lui au parapet qui donnait sur le port, il dit sans préambule : « Vous ne lui avez rien dit.»Il n’avait pas cessé de vouvoyer Lisbeï, mais son impassibilité avait disparu pendant les derniers jours et ne reviendrait plus jamais vraiment.Son incertitude, sa lassitude surtout, étaient parfaitement claires.Elle essaya de résister : « Vous non plus.»Il hocha un peu la tête, admettant l’impasse.Un peu honteuse de sa lâcheté, elle reprit : « Je ne lui ai rien dit parce que je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé.»Il la contempla avec cette façon déconcertante, agaçante, qu’il avait de vous évaluer chaque fois qu’il s’apprêtait à vous dire quelque chose d’important pour lui ou pour vous.Il détourna pourtant les yeux le premier : « Et je ne lui ai rien dit parce qu’il ne s’est rien passé.»L’incrédulité de Lisbeï le tourna de nouveau vers elle : « Oh, la drogue vous a bien fait l’effet habituel, en plus des effets qu’elle a sur nous dans ces conditions-là… »Elle pouvait sentir l’effort qu’il faisait pour continuer à la regarder, et s’efforça elle-même au calme : « Que s’est-il passé, alors ?— Je vous ai vue aller vers la plage avec les célébrantes.J’ai été… inquiet.J’ai suivi de loin.Je vous ai vue repartir.Courir.» Une brève ironie : « J’ai eu du mal à vous suivre.Vous êtes résistante, c’est sûr ! Je pensais que vous vous écrouleriez bien plus tôt.» Le malaise revint, à travers l’obstination à parler quand même : « Quand je vous ai rejointe, pour savoir où vous en étiez, il fallait que je vous… touche.Le contact, je veux dire.Ouvrir.Mais quand c’est avec quelqu’une… comme vous, ou Kélys – ou Guiséia…je ne peux pas… j’ai du mal à contrôler.Je ne sais plus très bien… où je suis.J’ai tendance à me perdre dans le contact.»Le désir de comprendre avait repris le dessus en Lisbeï : « La lumière, vous voulez dire ?— C’est une lumière pour vous ? »Elle n’en avait jamais vraiment parlé avec personne, pas même avec Kélys en bordure des Mauterres.Avec Tula, c’était une donnée familière de l’existence, qu’elles n’auraient pas plus songé à discuter que la couleur du ciel – et après l’incident avec Méralda, à cause de la barrière-miroir, c’était devenu un de ces sujets que, d’un commun accord, elles n’abordaient plus.« C’est… un peu tout, en fait.Mais j’ai pris l’habitude de l’appeler comme ça, parce que la première fois… Et puis, j’ai toujours l’impression de mieux voir celles qui l’ont aussi, comme si elles étaient…mieux éclairées.Une lumière, une résonance aussi.— Moi, c’est une impression de contact, dit Toller, son malaise soudain écarté par la curiosité.Comme si tous les points de ma peau… Guiséia aussi.Elles ont été obligées de nous laisser dans le même berceau, quand nous étions bébés.C’est pour ça qu’elles n’ont jamais vraiment essayé de nous séparer, aussi.En grandissant, ça s’est atténué.Kélys nous a appris, heureusement.Elle s’est donné beaucoup de mal.Mais… »Il se tut.Lisbeï se rappela les demi-confidences de Guiséia.En se renseignant sur Angresea, adolescente, elle avait rêvé sur l’intimité possible entre jumelles.Mais être des jumelles et en même temps ainsi… C’était un peu effrayant.Perdues dans le contact… Comment avaient-elles pu supporter d’être séparées ?« Pour en revenir au sujet, dit Toller, la voix un peu dure.Vous étiez en pleine transe.Avec la drogue.Je vous ai touchée – c’est ce qu’avait fait Kélys pour nous, le contact physique, je veux dire.En premier.Ensuite je n’ai pas pu m’empêcher… de partager vos sensations.À ma façon.Mais il n’y a pas eu… »Consciente du malaise revenu de Toller, elle sentit le sien devenir plus intense – et dépasser un seuil : c’était comique, à force, de tourner ainsi autour des mots justes !« Pénétration.» Et, pour répondre à la surprise du Bleu : « Antoné.— Oh ! » Il esquissa un petit sourire à son tour, hésitant.« Il n’y a pas eu pénétration, voilà.Et c’est pour cela que je n’en ai pas parlé à Guiséia.— Hier soir non plus.— Vous non plus, hier après-midi.»Elle ne put s’empêcher de sourire au retour de la réplique, puis son sourire s’effaça à la pensée de ce qu’elle recouvrait : « Serait-elle…— … jalouse ? termina Toller à sa place.Je ne sais pas.— C’est pour ça que vous ne lui avez rien dit non plus.— Voilà.»Il y eut un petit silence.Elle eut soudain envie de rire, ne se retint pas.L’idée était trop absurde.Jalouse de qui, exactement, et pourquoi ? Le Bleu sourit aussi, avec une certaine amertume qui rendit son sérieux à Lisbeï.La curiosité eut raison de la prudence : « Et vous, le seriez-vous ?— De vous et d’elle ? » Il haussa un peu les épaules, dans un retour imparfait à son ancienne impassibilité : « Je n’ai pas à l’être.»Mais ce n’était pas une réponse.Je ne m’en suis pas rendu compte sur le coup – n’ai pas voulu m’en rendre compte.N’ai pas pensé qu’il y avait tout un autre côté possible à cette conversation.Et lui, y pensait-il ? Guiséia et Toller, Guiséia et moi… Moi et Toller.« De vous et d’elle », il a dit.Il aurait pu dire : « d’elle et de vous ».Aurait dû ? Jalouse.Jaloux [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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