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.Déjà, dans la saison mauvaise, on se passaitDe souper quelquefois.Comment allons-nous faire?Bah! tant pis! ce n'est pas ma faute.C'est l'affaireDu bon Dieu.Ce sont là des accidents profonds.Pourquoi donc a-t-il pris leur mère à ces chiffons?C'est gros comme le poing.Ces choses-là sont rudes.Il faut pour les comprendre avoir fait ses études.Si petits! on ne peut leur dire: Travaillez.Femme, va les chercher.S'ils se sont réveillés,Ils doivent avoir peur tout seuls avec la morte.C'est la mère, vois-tu, qui frappe à notre porte;Ouvrons aux deux enfants.Nous les mêlerons tous,Cela nous grimpera le soir sur les genoux.Ils vivront, ils seront frère et soeur des cinq autres.Quand il verra qu'il faut nourrir avec les nôtresCette petite fille et ce petit garçon,Le bon Dieu nous fera prendre plus de poisson.Moi, je boirai de l'eau, je ferai double tâche,C'est dit.Va les chercher.Mais qu'as-tu? Ça te fâche?D'ordinaire, tu cours plus vite que cela. Tiens, dit-elle en ouvrant les rideaux, les voilà!IPLEINE MERL'abîme; on ne sait quoi de terrible qui gronde;Le vent; l'obscurité vaste comme le monde;Partout les flots; partout où l'oeil peut s'enfoncer,La rafale qu'on voit aller, venir, passer;L'onde, linceul; le ciel, ouverture de tombe;Les ténèbres sans l'arche et l'eau sans la colombe,Les nuages ayant l'aspect d'une forêt.Un esprit qui viendrait planer là ne pourraitDire, entre l'eau sans fond et l'espace sans borne,Lequel est le plus sombre, et si cette horreur morne,Faite de cécité, de stupeur et de bruit,Vient de l'immense mer ou de l'immense nuit.LE CRAPAUD 106 La Legende des SieclesL'oeil distingue, au milieu du gouffre où l'air sanglote,Quelque chose d'informe et de hideux qui flotte,Un grand cachalot mort à carcasse de fer,On ne sait quel cadavre à vau-l'eau dans la mer,Oeuf de titan dont l'homme aurait fait un navire.Cela vogue, cela nage, cela chavire;Cela fut un vaisseau; l'écume aux blancs amasCache et montre à grand bruit les tronçons de sept mâts.Le colosse, échoué sur le ventre, fuit, plonge,S'engloutit, reparaît, se meut comme le songe,Chaos d'agrès rompus, de poutres, de haubans;Le grand mât vaincu semble un spectre aux bras tombants.L'onde passe à travers ce débris; l'eau s'engageEt déferle en hurlant le long du bastingage,Et tourmente des bouts de corde à des cramponsDans le ruissellement formidable des ponts;La houle éperdument furieuse saccageAux deux flancs du vaisseau les cintres d'une cageOù jadis une roue effrayante a tourné.Personne; le néant, froid, muet, étonné;D'affreux canons rouillés tendant leurs cous funestes;L'entre-pont a des trous où se dressent les restesDe cinq tubes pareils à des clairons géants,Pleins jadis d'une foudre, et qui, tordus, béants,Ployés, éteints, n'ont plus, sur l'eau qui les balance,Qu'un noir vomissement de nuit et de silence;Le flux et le reflux, comme avec un rabot,Dénude à chaque coup l'étrave et l'étambot,Et dans la lame on voit se débattre l'échineD'une mystérieuse et difforme machine.Cette masse sous l'eau rôde, fantôme obscur.Des putréfactions fermentent, à coup sûr,Dans ce vaisseau perdu sous les vagues sans nombre.Dessus, des tourbillons d'oiseaux de mer; dans l'ombre,Dessous, des millions de poissons carnassiers.Tout à l'entour, les flots, ces liquides aciers,Mêlent leurs tournoiements monstrueux et livides.Des espaces déserts sous des espaces vides.O triste mer! sépulcre où tout semble vivant!Ces deux athlètes faits de furie et de vent,Le tangage qui brave et le roulis qui fume,Sans trêve, à chaque instant arrachent quelque éclatDe la quille ou du port dans leur noir pugilat.Par moments, au zénith un nuage se troue,Un peu de jour lugubre en tombe, et, sur la proue,Une lueur, qui tremble au souffle de l'autan,Blême, éclaire à demi ce mot: LÉVIATHAN.Puis l'apparition se perd dans l'eau profonde;Tout fuit.LE CRAPAUD 107 La Legende des SieclesLéviathan; c'est là tout le vieux monde,Apre et démesuré dans sa fauve laideur;Léviathan, c'est là tout le passé: grandeur,Horreur.Le dernier siècle a vu sur la TamiseCroître un monstre à qui l'eau sans bornes fut promise,Et qui longtemps, Babel des mers, eut Londre entierLevant les yeux dans l'ombre au pied de son chantier.Effroyable, à sept mâts mêlant cinq cheminéesQui hennissaient au choc des vagues effrénées,Emportant, dans le bruit des aquilons sifflants,Dix mille hommes, fourmis éparses dans ses flancs,Ce titan se rua, joyeux, dans la tempête;Du dôme de Saint-Paul son mât passait le faîte;Le sombre esprit humain, debout sur son tillac,Stupéfiait la mer qui n'était plus qu'un lac;Le vieillard Océan, qu'effarouche la sonde,Inquiet, à travers le verre de son onde,Regardait le vaisseau de l'homme grossissant;Ce vaisseau fut sur l'onde un terrible passant;Les vagues frémissaient de l'avoir sur leurs croupes;Ses sabords mugissaient; en guise de chaloupes,Deux navires pendaient à ses portemanteaux;Son armure était faite avec tous les métaux;Un prodigieux câble ourlait sa grande voile;Quand il marchait, fumant, grondant, couvert de toile,Il jetait un tel râle à l'air épouvantéQue toute l'eau tremblait, et que l'immensitéComptait parmi ses bruits ce grand frisson sonore.La nuit, il passait rouge ainsi qu'un météore;Sa voilure, où l'oreille entendait le débatDes souffles, subissant ce gréement comme un bât,Ses hunes, ses grelins, ses palans, ses amures,Étaient une prison de vents et de murmures;Son ancre avait le poids d'une tour; ses paroisVoulaient les flots, trouvant tous les ports trop étroits;Son ombre humiliait au loin toutes les proues;Un télégraphe était son porte-voix; ses rouesForgeaient la sombre mer comme deux grands marteaux;Les flots se le passaient comme des piédestauxOù, calme, ondulerait un triomphal colosse:L'abîme s'abrégeait sous sa lourdeur véloce;Pas de lointain pays qui pour lui ne fût près;Madère apercevait ses mâts, trois jours aprèsL'Hékla l'entrevoyait dans la lueur polaire.La bataille montait sur lui dans sa colère.La guerre était sacrée et sainte en ce temps-là;Rien n'égalait Nemrod si ce n'est Attila;Et les hommes, depuis les premiers jours du monde,Sentant peser sur eux la misère inféconde,LE CRAPAUD 108 La Legende des SieclesLes pestes, les fléaux lugubres et railleurs,Cherchant quelque moyen d'amoindrir leurs douleurs,Pour établir entre eux de justes équilibres,Pour être plus heureux, meilleurs, plus grands, plus libres,Plus dignes du ciel pur qui les daigne éclairer,Avaient imaginé de s'entre-dévorer.Ce sinistre vaisseau les aidait dans leur oeuvre [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]
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