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.Witkie-wicz de nouvelles combinaisons des formes et des couleurs.Il y a du guignol dans ce théâtred atrocités, d un guignol dont les marionnettes seraient manoeuvrées par un artiste intelligent,plein d un esprit infernal.L humour de M.Witkiewicz, âpre et amer, est irrésistible dans sessaillies originales.Ses figures de femmes sont troublantes avec leur agaçante perversité depetites filles précocement blasées, son personnage mâle, le protagoniste est ordinairementdoué d une force de taureau.Le lieu de l action c est le vaste monde hypothétique, carrefourde toutes les races et de tous les peuples fortement imprégné d exotisme.Si l on dressait uneliste des personnages de ces trente pièces avec leurs minutieux portraits faits par l auteur, onse trouverait en présence d un petit monde bien original!Dans une de ses pièces, M.Witkiewicz a cruellement persiflé les  psychoanalystes.Lesfreudistes pourraient bien prendre leur revanche en faisant sa propre psychoanalyse.En tout35 cas, ce qui ne manque pas d intérêt c est de suivre les bonds que lui a fait faire la vie immédi-atement avant la déclaration de ses dons d auteur dramatique; Elevé depuis son enfance àZakopané, dans le décor sauvage et pathétique du Haut-Tatra, il entreprend, à la suite de sondranie personnel, un voyage en Australie.Mais voici que la guerre mondiale éclate.De retourde l équateur, M.Witkiewicz est incorporé dans l armée russe, il combat sur le front en qua-lité de cornette de la garde, puis il assiste à la révolution bolchéviste dont l événement im-portant, pour lui, est sa prise de contact avec des tableaux de Picasso à Moscou.On dirait queles paysages d outre-mer, la brutalité de la guerre, le cauchemar de la révolution combinésavec la spéculation mathématique et philosophique de ce cerveau de théoricien doublé d uneâme d artiste extrêmement impressionnable, que tous ces êlêments causèrent, chez lui, unesorte de  lésion psychique , de  complexe que l on pourrait diagnostiquer dans chacune desoeuvres de M.Witkiewicz, malgré leur variété.Peut-être tout ce théâtre n est-il au fond qu unessai subconscient de se rétablir, qu un patient acheminement vers la solution du  complexe.La décadence de la civilisation et de l art, la folie du progrès mécanique: voila des faits dont ilest sans cesse obsédé.L attitude de M.Witkiewicz vis-à-vis de l art est purement dramatique.C est une de cesâmes meurtries qui cherchent dans l art non pas le succès (M.Witkiewicz le dédaigne partrop!) mais la solution du problème de leur propre moi.Je définirais l état naturel de M.Wit-kiewicz incessante stupeur métaphysique. Quel sens tout cela a-t-il? pourquoi est-ce juste-ment ceci et non pas autre chose? Voilà bien une question que chacun de nous se sera posée,mais lui, il a toujours ce point d interrogation devant les yeux.L abîme de Pascal est in-cessamment là, béant, à ses pieds.In a une girimace sardonique en envisageant le seul fait dela multiplicité des phénomènes, une ironie en face de son propre moi, qui, en tant qu une des existences particulières , porte atteinte, par son caractère adventice, à l essence même del unité.C est encore la même stupéfaction en face du cauchemar de la vie, une stupéfaction qui secondense par moments en un rire spasmodique, persifleur et désespéré, et qui, l instantd après, se résout en une rêverie.Et ce serait vraiment faire fausse route que de se référer, àpropos de son théâtre au code de la morale, ce que justement avaient fait tout d abord ses cri-tiques scandalisés.Nous racontons  n est-ce pas?  sans le moindre embarras et sans uneombre de remords les choses les plus monstrueuses dont nous avons rêvé: tout cela n est ensomme qu un songe! L irréalité absolue du théâtre de M.Witkiewicz atténue dans une certa-ine mesure l impression de brutalité que ferait le théâtre normal avec une partie seulement dece qui se passe et qui se dit sur la scène dans les pièces de M.Witkiewicz.L une de ses pièces les plus intéressantes au point de vue de l idée maîtresse, c est (malgréson air d ébauche) Tumor Mózgowicz (nom propre, fabriqué de  tumeur de cerveau ) piècejouée a Cracovie il y a quelques années et dont les répétitions à Varsovie furent suspendues àla suite d une  révolte des acteurs, persuadés que l auteur se payait leur tête et celle du pu-blic.C est une fantaisie grotesque sur les mathématiques supérieures.Tant pis! nous vivons àl époque du cerveau, et une figure de mathématicien de génie peut frapper l imagination d unécrivain aussi fortement qu un Horace ou un Cid la frappait à l époque de Corneille.Tout lemonde connaît la boutade qui dit que si le nez de Cléopâtre eût été plus long d un quart depouce, la face du monde s en fût trouvée différente.Chacun sait qu un seul sourire de Jo-séphine ou bien une seule larme de M-me Walewska auraient pu, à un moment donné, déciderdu sort de milliers d existences.En fouillant dans l histoire de la littérature, chacun apprend àquel point les expériences intimes d un artiste pétrissent son oeuvre; cependant ils sont peunombreux ceux qui se demandent de quelle façon la vie individuelle d un savant de génie, savie amoureuse par exemple, peut réagir sur sa production dans le domaine de la science, sur-tout à des hauteurs où cette production tient de l inspiration.36 Admettre cela, dans une fantaisie au moins, est chose plausible.On peut bien supposer quela pensée d un savant, comme l inspiration d un artiste, fouaillée par les passions, fasse unbond et prenne son essor vers des régions dont, jusque là, elle n avait même pas soupçonnél existence.Les conceptions mathématiques d un époux exemplaire peuvent bien n être pascelles d un amant d une Cléopâtre moderne.En conséquent, c est une idée vraiment admira-ble que celle qui sert de fond à la pièce fantaisiste (Tumor Mózgowicz) de M.Witkiewicz [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]
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