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.— J’ai cru que je vous connaissais, c’est tout, dit Jackson qui tripotait le rouleau dans sa poche, faisant appel à tout son courage pour le produire à la lumière, et momentanément sauvé par une bagarre.Deux individus à face de brute bondissaient à travers la salle, renversant au passage les chaises et les tables et brandissant des couteaux à cran d’arrêt.Les consommateurs du bar se démanchaient le cou pour mieux voir, sans quitter leur place ni lâcher leur verre.Les putains levaient les yeux au ciel, l’air excédé.L’un des types piqua l’autre au bras.Une plaie béante s’ouvrit dans le cuir épais du blouson, mais elle ne révéla que de vieilles hardes – deux tricots, trois chemises et un sous-vêtement d’hiver.Le deuxième riposta, fendant le devant du blouson en toile de l’adversaire.Mais il ne s’échappa de la blessure que de l’encre sèche d’imprimerie, celle des journaux dont il s’était capitonné le torse pour lutter contre le froid.Les deux jobards continuaient à se taillader.On aurait dit des poupées de chiffons bataillant dans une frénésie sanguinaire, répandant, au lieu de sang, des lambeaux de vêtements élimés et de journaux vieux de huit jours.Les clients riaient.— Comment veux-tu qu’ils se fassent mal, ces abrutis-là ? Autant s’attaquer à un épouvantail.— Tu sais ce qu’ils font ? Ils essaient de baiser l’armée du Salut !— Ils veulent pas vraiment se piquer.Ils se connaissent ces deux-là.Chacun cherche à faire crever l’autre de froid.L’un des barmen sortit de derrière le comptoir avec une batte de base-ball au manche scié et assomma l’un des combattants.Quand l’homme fut à terre, son adversaire se pencha sur lui pour le poignarder et le barman en profita pour l’assommer à son tour.Deux agents de race blanche pénétrèrent dans la salle d’un pas traînant, à croire qu’ils avaient flairé la bagarre, et embarquèrent les virtuoses du couteau.Jackson jugea le moment opportun pour exhiber son rouleau.Il sortit donc les coupures, détacha soigneusement un billet de dix dollars et le jeta sur le comptoir.— Payez-vous pour deux whiskys, dit-il.Silence de mort dans la salle.Tous les yeux étaient braqués sur le rouleau dans la main de Jackson.Puis ils se posèrent sur Jackson et enfin sur le barman.Le barman éleva le billet à la lumière, regarda au travers, le retourna, le claqua d’une chiquenaude, puis, ayant fait sonner sa caisse enregistreuse, jeta la monnaie sur le comptoir.— Qu’est-ce que tu cherches ? Tu veux te faire couper le sifflet ? demanda-t-il à Jackson d’une voix irritée.— Qu’est-ce que je dois faire à votre avis ? riposta Jackson.Foutre le camp sans payer ?— Je veux pas d’histoires ici, voilà ! déclara le barman.Mais il était trop tard.Des types de la pègre se rapprochaient déjà de Jackson.Mais les putains les gagnèrent de vitesse.Elles s’attaquèrent à Jackson avec tant de fougue qu’il n’arrivait pas à comprendre si elles sollicitaient ses faveurs 011 cherchaient à lui fourguer un stock de surplus.Les pickpockets s’efforçaient de se frayer un chemin vers le bar.Les cravateurs montaient la garde près de la porte.Tous les autres observaient Jackson, curieux et vigilants.— C’est à moi, ce pognon ! brailla un ex-boxeur bouffi d’alcool, tout en s’ouvrant un passage dans la foule.Cet enfoiré l’a piqué dans ma poche.Quelqu’un dans l’assistance éclata de rire.— Te laisse pas avoir par ce minus, trésor, intervint une putain.Une autre enchérit :— Ce pauvre déchard, il a pas palmé une malheureuse pièce de vingt-cinq cents depuis l’époque où le petit Jésus, Il allait à l’école.— Je veux pas d’histoires ici, prévint le barman, en cherchant à tâtons sa batte sciée.— Je reconnais mon fric, quand même ! brailla le boxeur.Vous allez pas me dire que je sais pas reconnaître mon propre fric ?— Qu’est-ce qu’il a de spécial, ton fric, pour pas être pareil que çui des autres ? fit le barman [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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.— J’ai cru que je vous connaissais, c’est tout, dit Jackson qui tripotait le rouleau dans sa poche, faisant appel à tout son courage pour le produire à la lumière, et momentanément sauvé par une bagarre.Deux individus à face de brute bondissaient à travers la salle, renversant au passage les chaises et les tables et brandissant des couteaux à cran d’arrêt.Les consommateurs du bar se démanchaient le cou pour mieux voir, sans quitter leur place ni lâcher leur verre.Les putains levaient les yeux au ciel, l’air excédé.L’un des types piqua l’autre au bras.Une plaie béante s’ouvrit dans le cuir épais du blouson, mais elle ne révéla que de vieilles hardes – deux tricots, trois chemises et un sous-vêtement d’hiver.Le deuxième riposta, fendant le devant du blouson en toile de l’adversaire.Mais il ne s’échappa de la blessure que de l’encre sèche d’imprimerie, celle des journaux dont il s’était capitonné le torse pour lutter contre le froid.Les deux jobards continuaient à se taillader.On aurait dit des poupées de chiffons bataillant dans une frénésie sanguinaire, répandant, au lieu de sang, des lambeaux de vêtements élimés et de journaux vieux de huit jours.Les clients riaient.— Comment veux-tu qu’ils se fassent mal, ces abrutis-là ? Autant s’attaquer à un épouvantail.— Tu sais ce qu’ils font ? Ils essaient de baiser l’armée du Salut !— Ils veulent pas vraiment se piquer.Ils se connaissent ces deux-là.Chacun cherche à faire crever l’autre de froid.L’un des barmen sortit de derrière le comptoir avec une batte de base-ball au manche scié et assomma l’un des combattants.Quand l’homme fut à terre, son adversaire se pencha sur lui pour le poignarder et le barman en profita pour l’assommer à son tour.Deux agents de race blanche pénétrèrent dans la salle d’un pas traînant, à croire qu’ils avaient flairé la bagarre, et embarquèrent les virtuoses du couteau.Jackson jugea le moment opportun pour exhiber son rouleau.Il sortit donc les coupures, détacha soigneusement un billet de dix dollars et le jeta sur le comptoir.— Payez-vous pour deux whiskys, dit-il.Silence de mort dans la salle.Tous les yeux étaient braqués sur le rouleau dans la main de Jackson.Puis ils se posèrent sur Jackson et enfin sur le barman.Le barman éleva le billet à la lumière, regarda au travers, le retourna, le claqua d’une chiquenaude, puis, ayant fait sonner sa caisse enregistreuse, jeta la monnaie sur le comptoir.— Qu’est-ce que tu cherches ? Tu veux te faire couper le sifflet ? demanda-t-il à Jackson d’une voix irritée.— Qu’est-ce que je dois faire à votre avis ? riposta Jackson.Foutre le camp sans payer ?— Je veux pas d’histoires ici, voilà ! déclara le barman.Mais il était trop tard.Des types de la pègre se rapprochaient déjà de Jackson.Mais les putains les gagnèrent de vitesse.Elles s’attaquèrent à Jackson avec tant de fougue qu’il n’arrivait pas à comprendre si elles sollicitaient ses faveurs 011 cherchaient à lui fourguer un stock de surplus.Les pickpockets s’efforçaient de se frayer un chemin vers le bar.Les cravateurs montaient la garde près de la porte.Tous les autres observaient Jackson, curieux et vigilants.— C’est à moi, ce pognon ! brailla un ex-boxeur bouffi d’alcool, tout en s’ouvrant un passage dans la foule.Cet enfoiré l’a piqué dans ma poche.Quelqu’un dans l’assistance éclata de rire.— Te laisse pas avoir par ce minus, trésor, intervint une putain.Une autre enchérit :— Ce pauvre déchard, il a pas palmé une malheureuse pièce de vingt-cinq cents depuis l’époque où le petit Jésus, Il allait à l’école.— Je veux pas d’histoires ici, prévint le barman, en cherchant à tâtons sa batte sciée.— Je reconnais mon fric, quand même ! brailla le boxeur.Vous allez pas me dire que je sais pas reconnaître mon propre fric ?— Qu’est-ce qu’il a de spécial, ton fric, pour pas être pareil que çui des autres ? fit le barman [ Pobierz całość w formacie PDF ]