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. C est prendre bien de la fatigue et bien du souci, mon cherduc, quand nous avons le télégraphe qui ne met que trois ouquatre heures, et cela sans que son haleine en souffre le moins dumonde. Ah ! Sire, vous récompensez bien mal ce pauvre jeunehomme, qui arrive de si loin et avec tant d ardeur pour donner àVotre Majesté un avis utile ; ne fût-ce que pour M.de Salvieux,qui me le recommande, recevez-le bien, je vous en supplie. M.de Salvieux, le chambellan de mon frère ? Lui-même. 151   En effet, il est à Marseille. C est de là qu il m écrit. Vous parle-t-il donc aussi de cette conspiration ? Non, mais il me recommande M.de Villefort, et me chargede l introduire près de Votre Majesté. M.de Villefort ? s écria le roi ; ce messager s appelle-t-ildonc M.de Villefort ? Oui, Sire. Et c est lui qui vient de Marseille ? En personne. Que ne me disiez-vous son nom tout de suite ! reprit le roi,en laissant percer sur son visage un commencement d inquiétude. Sire, je croyais ce nom inconnu de Votre Majesté. Non pas, non pas, Blacas ; c est un esprit sérieux, élevé,ambitieux surtout ; et, pardieu, vous connaissez de nom son père. Son père ? Oui, Noirtier. Noirtier le girondin ? Noirtier le sénateur ? Oui, justement. 152   Et Votre Majesté a employé le fils d un pareil homme ? Blacas, mon ami, vous n y entendez rien, je vous ai dit queVillefort était ambitieux : pour arriver, Villefort sacrifiera tout,même son père. Alors, Sire, je dois donc le faire entrer ? À l instant même, duc.Où est-il ? Il doit m attendre en bas, dans ma voiture. Allez me le chercher. J y cours.»Le duc sortit avec la vivacité d un jeune homme ; l ardeur deson royalisme sincère lui donnait vingt ans.Louis XVIII resta seul, reportant les yeux sur son Horaceentrouvert et murmurant :Justum et tenacem propositi virum.M.de Blacas remonta avec la même rapidité qu il étaitdescendu ; mais dans l antichambre il fut forcé d invoquerl autorité du roi.L habit poudreux de Villefort, son costume, oùrien n était conforme à la tenue de cour, avait excité lasusceptibilité de M.de Brézé, qui fut tout étonné de trouver dansce jeune homme la prétention de paraître ainsi vêtu devant le roi.Mais le duc leva toutes les difficultés avec un seul mot : Ordre deSa Majesté ; et malgré les observations que continua de faire lemaître des cérémonies, pour l honneur du principe, Villefort futintroduit. 153  Le roi était assis à la même place où l avait laissé le duc.Enouvrant la porte, Villefort se trouva juste en face de lui : lepremier mouvement du jeune magistrat fut de s arrêter.« Entrez, monsieur de Villefort, dit le roi, entrez.»Villefort salua et fit quelques pas en avant, attendant que leroi l interrogeât.« Monsieur de Villefort, continua Louis XVIII, voici le duc deBlacas, qui prétend que vous avez quelque chose d important ànous dire. Sire, M.le duc a raison, et j espère que Votre Majesté va lereconnaître elle-même. D abord, et avant toutes choses, monsieur, le mal est-ilaussi grand, à votre avis, que l on veut me le faire croire ? Sire, je le crois pressant ; mais, grâce à la diligence que j aifaite, il n est pas irréparable, je l espère. Parlez longuement si vous le voulez, monsieur, dit le roi,qui commençait à se laisser aller lui-même à l émotion qui avaitbouleversé le visage de M.de Blacas, et qui altérait la voix deVillefort ; parlez, et surtout commencez par le commencement :j aime l ordre en toutes choses. Sire, dit Villefort, je ferai à Votre Majesté un rapport fidèle,mais je la prierai cependant de m excuser si le trouble où je suisjette quelque obscurité dans mes paroles.» 154  Un coup d Sil jeté sur le roi après cet exorde insinuant,assura Villefort de la bienveillance de son auguste auditeur, et ilcontinua :« Sire, je suis arrivé le plus rapidement possible à Paris pourapprendre à Votre Majesté que j ai découvert dans le ressort demes fonctions, non pas un de ces complots vulgaires et sansconséquence, comme il s en trame tous les jours dans les derniersrangs du peuple et de l armée, mais une conspiration véritable,une tempête qui ne menace rien de moins que le trône de VotreMajesté.Sire, l usurpateur arme trois vaisseaux ; il méditequelque projet, insensé peut-être, mais peut-être aussi terrible,tout insensé qu il est.À cette heure, il doit avoir quitté l île d Elbepour aller où ? je l ignore, mais à coup sûr pour tenter unedescente soit à Naples, soit sur les côtes de Toscane, soit même enFrance.Votre Majesté n ignore pas que le souverain de l île d Elbea conservé des relations avec l Italie et avec la France. Oui, monsieur, je le sais, dit le roi fort ému, et,dernièrement encore, on a eu avis que des réunions bonapartistesavaient lieu rue Saint-Jacques ; mais continuez, je vous prie ;comment avez-vous eu ces détails ? Sire, ils résultent d un interrogatoire que j ai fait subir à unhomme de Marseille que depuis longtemps je surveillais et que j aifait arrêter le jour même de mon départ ; cet homme, marinturbulent et d un bonapartisme qui m était suspect, a étésecrètement à l île d Elbe ; il y a vu le grand maréchal qui l achargé d une mission verbale pour un bonapartiste de Paris, dontje n ai jamais pu lui faire dire le nom ; mais cette mission était decharger ce bonapartiste de préparer les esprits à un retour(remarquez que c est l interrogatoire qui parle, Sire), à un retourqui ne peut manquer d être prochain. 155   Et où est cet homme ? demanda Louis XVIII. En prison, Sire [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]
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